Présentation officielle d’Hazard au Real: ce qui attend le Diable Rouge à Madrid
Eden Hazard sera officiellement présenté par le Real ce jeudi soir à Santiago Bernabeu. En arrivant à Madrid, le Diable rouge change non seulement de club mais aussi de statut et d’environnement.
- Publié le 13-06-2019 à 06h49
- Mis à jour le 13-06-2019 à 08h08
Eden Hazard sera officiellement présenté par le Real ce jeudi soir à Santiago Bernabeu. En arrivant à Madrid, le Diable rouge change non seulement de club mais aussi de statut et d’environnement. C’est l’heure, c’est l’instant. Ce soir, Eden Hazard portera, pour la première fois, le légendaire uniforme blanc du Real Madrid. Depuis le transfert de Gareth Bale en 2013, le Real n’a curieusement transféré aucun joueur de classe mondiale. C’est dire si l’attente des aficionados est grande, a fortiori après la dernière mauvaise saison. C’est pour cela que le Real a voulu présenter, ce soir, sa nouvelle recrue dans une ambiance galactique avec un horaire qui permettra aux supporters d’être présents. On attend plus de 50 000 spectateurs pour voir les premiers pas du Diable rouge sur la pelouse du stade Santiago Bernabeu ! Pour Eden, c’est l’accomplissement d’un rêve et le début d’une nouvelle aventure. Le Real, c’est une autre dimension, à tous les niveaux. Petit tour d’horizon des us et coutumes du club le plus puisant du monde.
1. La pression de la presse
Deux quotidiens sportifs (As et Marca) qui consacrent une vingtaine de pages chaque jour à l’actualité du club, des caméras plus ou moins indiscrètes qui scrutent chaque fait et geste des joueurs, des programmes spécialisés de radio et de télévision où des consultants implacables analysent et décryptent la moindre mauvaise passe jusqu’au bout de la nuit : à Madrid, le Real fait l’objet d’une médiatisation qui défie la raison. En sa qualité de nouveau galactique, Eden Hazard devra composer avec cet environnement unique en Europe. Et, à l’instar de toutes les stars du club, il ne sera pas ménagé. Un seul match moyen et c’est un orage de critiques qui s’abattra sur sa tête. Pour préserver ses joueurs, le Real n’autorise plus les interviews individuelles. Mais on conseille néanmoins à Eden d’apprendre au plus vite la langue de Cervantes. Lors des conférences de presse et en zone mixte, Gareth Bale - qui a pourtant six ans de maison - répond toujours en… anglais. Et ça passe très, très mal…
2. Les sifflets du Bernabeu
Le stade Santiago Bernabeu est un véritable tribunal pour les joueurs. Intransigeants, les socios de la Maison blanche sont sans pitié à l’heure de prononcer leur jugement. Au Real, il ne suffit pas de gagner. Il faut aussi soigner le spectacle et, surtout, se battre sur tous les ballons. C’est dans l’ADN de ce club qui se mérite. Sur la pelouse du Paseo de la Castellana, les plus grands joueurs ont, un jour ou l’autre, été sifflés par leurs aficionados. D’Alfredo Di Stefano à Cristiano Ronaldo en passant par Raul, Zinedine Zidane, David Beckham ou Roberto Carlos. Le public local, volontiers blasé, est, sans doute, le plus exigeant du monde. Il ne pardonne rien. En revanche, très connaisseur, il sait reconnaître le talent et l’esprit combatif. Et, lors des grandes soirées européennes, il peut transformer l’ambiance de théâtre du Bernabeu - où l’on entend une mouche voler lors de certains matchs - en véritable arène surchauffée pour une estocade annoncée. Hazard est aujourd’hui attendu comme le Messie après l’une des plus mauvaises saisons de l’histoire du club. À lui de tenter de garder définitivement le public en poche en usant de son talent et de cet esprit "madridista" si particulier.
3. La toute-puissance de Florentino
Au Real, le président Florentino Perez est le maître absolu de droit divin. Dans l’ombre, cet entrepreneur milliardaire et visionnaire - qui dirige la société de construction ACS (200 000 employés dans le monde) - décide de tout. Il se chuchote même - mais Zinedine Zidane s’en défend ! - qu’il a son mot à dire à l’heure de former le onze titulaire. Inventeur du concept des Galacticos au début des années 2000, fin stratège, proche du pouvoir, Florentino a transformé le Real de la cave au grenier. Il en a fait une machine à gagner de l’argent grâce, notamment, à de bons placements immobiliers et à une politique de marketing très pointue à l’échelle planétaire. Son prochain défi : la rénovation complète du stade Bernabeu avec un toit, un hôtel, des galeries commerçantes. Le budget du Real est aujourd’hui de plus de 750 millions d’euros. Conscient de l’impact du star-système sur le budget d’un club de haut niveau, le presidente aurait sans doute préféré s’offrir les services de Neymar ou Mbappé, histoire de vendre davantage de maillots ou de faire grimper les droits de télévision en Chine ! Il reviendra donc à Hazard de gravir encore quelques marches sur l’échelle de la notoriété pour combler définitivement son employeur !
4. Le vestiaire de Sergio Ramos
Le Real a toujours eu de grands capitaines : Santiago Bernabeu, bien sûr, mais aussi Miguel Munoz, Amancio, Pirri, Jose-Antonio Camacho, Manolo Sanchis, Iker Casillas, Fernando Hierro, Raul et, aujourd’hui, Sergio Ramos. Tous ont deux points communs : ils sont espagnols et ont l’ADN du club dans la peau. Pour diriger un vestiaire où cohabitent les meilleurs joueurs du monde, il est indispensable d’avoir une forte personnalité. Le Sévillan Sergio Ramos, qui défend les couleurs merengues depuis l’âge de 19 ans, a ce profil. C’est une "grande gueule" qui donnerait son âme pour le club et qui n’a pas peur de taper du poing sur la table. Que ce soit à l’égard de la direction (on le dit en froid avec le président Perez) ou des joueurs (auxquels il assène volontiers leurs quatre vérités). Plus encore qu’ailleurs, le brassard de capitaine se mérite dans le vestiaire des Blancos. Heureusement, Eden Hazard n’est pas un joueur conflictuel. Il n’a pas la grosse tête. Il n’est pas introverti comme Anelka ou Bale. Il n’est pas ingérable comme certains Brésiliens. En s’appuyant sur son humilité et son talent, il devrait donc vite trouver ses marques, un peu comme l’avait fait Zinedine Zidane à son arrivée. Avec humilité. Et il pourra en outre compter sur son pote Thibaut Courtois pour le mettre au parfum des us et coutumes des coulisses !
5. Une vie de vraie star
En Espagne, le football est une religion. Tout le monde en parle, du matin au soir. La vie d’Eden va forcément changer. À Chelsea, il était plus ou moins préservé de la foule en dehors des matchs. C’est dans la tradition anglaise. Au Real, il entre dans une nouvelle dimension. Avant chaque entraînement, devant l’entrée de la Ciudad Deportiva de Valdebebas, des centaines de supporters arrêteront son Audi (c’est la voiture officielle des joueurs) pour un selfie ou un autographe. Plus possible, le soir, d’aller manger en famille dans un restaurant de façon discrète sans aussitôt se retrouver sur les réseaux sociaux. Plus possible de faire des courses dans une rue commerciale sans susciter l’émeute ! Un joueur du Real est une star à plein temps dans le sens absolu du terme. Chaque arrivée de l’équipe dans un aéroport monopolise des dizaines de "guardias civiles" pour éviter les dérives hystériques, tant l’attente est grande. Chaque mise au vert transforme l’hôtel en camp retranché. Et tout est à l’avenant. Pour se préserver de cette folie, Eden va probablement suivre l’exemple de ses équipiers, résider dans un des quartiers huppés de la riche banlieue (à La Finca ou La Moraleja) et limiter ses apparitions en ville au strict nécessaire. Ainsi va la vie d’un Galactique.